Action disabled: backlink

Qu'est-ce qu'un haïku

Au japon un haïku est un poème qui respecte une forme imposée précise (un peu comme le fait notre sonnet). L'exemple généralement utilisé est un haïku de Bashô, la traduction française la plus rencontrée depuis le japonais est la suivante

Un vieil étang et
Une grenouille qui plonge,
Le bruit de l'eau.

Il respecte le canon, en fait c'est Bashô (1644-1694) qui l'a formé au Japon au XVIIeme siècle), comme il est court il doit pouvoir être dit d'une seule respiration :

  • 17 syllabes en 3 lignes
    • 5 syllabes
    • 7 syllabes
    • 5 syllabes
  • contenant un mot de saison (kigo)
  • une coupure indique la juxtaposition des (2) images (kireji), normalement à la fin du 2ème groupe
  • se termine sur un élément de surprise qui s'enchaîne sur la césure

Il est important de comprendre que le japonais est plus flou que notre français et laisse donc place à plus d'interprétation, c'est un peu comme une suite de mots, pas de genre, pas d'article, les verbes souvent à l'infinitif. La traduction littérale est vieil/ancien étang(s) ah grenouille(s) tomber/plonger bruit(s) de l'eau(x) (https://fr.wikipedia.org/wiki/Haïku). Le sens d'un haiku peut être révélé par les haïkus qui l'entourent car normalement ils sont récités ou écrits en ensembles. Il s'agit d'une langue poétique, différente de la langue courante, et les maîtres de haïku l'enseignaient en corrigeant leurs élèves.

Le mot de saison réfère à une saison et il existe des catalogues classés par saison des mots kigo à utiliser.

Un “haïku ne se contente pas de décrire les choses, il nécessite le détachement de l'auteur. Il traduit le plus souvent une sensation. Il est comme une sorte d'instantané. Cela traduit une émotion, un sentiment passager, …, il est rapide et concis” (https://fr.wikipedia.org/wiki/Haïku).

Cette forme est le résultat d'une évolution qui s'est stabilisée mais par la suite a évolué pour donner d'autres formes sans en remettre en cause l'existence et la pratique. Les textes que j'ai consulté sur le haïku sont remarquablement semblables.

En attendant ma sélection allez ici, et bonne lecture(s) : http://pages.videotron.com/haiku/

Sur internet on trouve beaucoup de choses concernant les haîku, inutile pour moi de les recopier, je recommande en particulier

Cette forme présente un intérêt particulier et stable sinon elle n'aurait pas créé d'école et de regroupements comme ceux qui ont existé et existent encore.

C'est une idée que l'on retrouve souvent en art. Ainsi Beaudelaire écrivait au sujet du sonnet “Quel est donc l'imbécile […] qui traite si légèrement le sonnet et n'en voit pas la beauté pythagorique ? Parce que la forme est contraignante, l'idée jaillit plus intense. Tout va bien au sonnet : la bouffonnerie, la galanterie, la passion, la rêverie, la méditation philosophique. Il y a, là, la beauté du métal et du minéral bien travaillés. Avez-vous observé qu'un morceau de ciel aperçu par un soupirail, ou entre deux cheminées, deux rochers, ou par une arcade, donnait une idée plus profonde de l'infini que le grand panorama vu du haut d'une montagne ?… Quant aux longs poèmes, nous savons ce qu'il en faut penser : c'est la ressource de ceux qui sont incapables d'en faire de courts. Tout ce qui dépasse la longueur de l'attention que l'être humain peut prêter à la forme poétique n'est pas un poème. Charles Baudelaire, Lettre à Armand Fraisse (18 ou 19 février 1860)”.

Cela me fait penser à Paul Valéry qui écrit dans Introduction à la méthode de Léonard de Vinci “Celui qui se représente un arbre est forcé de se représenter un ciel ou un fond pour l'y voir se tenir. Il y a là une sorte de logique presque sensible et presque inconnue.

Ainsi la forme est un révélateur, étant imposée comme un fond qui est nécessaire, elle concentre l'intérêt de l'auditeur ou du lecteur sur le contenu, le sens, le sentiment …

Un autre point à noter bien sûr (… au sujet de la traduction …), c’est l’absence du respect de la métrique 5-7-5, qui est impossible du fait de l’éloignement des langues. Est-ce que cela nuit à la beauté du haïku , ou est-ce que cela en change le genre ? Et bien non ! On a la même admiration devant ces petits bijoux que s’ils respectaient un format strict. La question pourrait se poser, au-delà de l’intérêt du poème, du nom qu’on lui donne. Est-ce qu’il ne faudrait pas réserver la désignation de haïku qu’aux poèmes qui respectent strictement la métrique, le kigo , la césure, etc ? (http://marogne.fr/haiku/haikus_essence_poetique.htm)

La lecture de l'apparition et de la vie du haïku repose sur l'existence de groupes organisés autour du haïku, il y avait au Japon des écoles autour des maîtres qui assuraient le respect de la forme et encourageaient l'excellence en organisant des compétitions ou des séances collectives de création de haïku, les participants enchaînant un vers l'un après l'autre à la suite du vers lancé par le maître.

Ce n'est pas spécifique au haïku, pensons à l'opéra de Richard Wagner Tannhäuser et le tournoi des chanteurs à la Wartburg, mais il se prête particulièrement à cela.

  • doit se lire d'un souffle (les 17 syllabes du haïku, mais prendre des libertés avec leur nombre)
  • pas de mot inutile : ne garder que l'essentiel
  • garder l'idée du mot saison, soit explicitement soit implicitement, qui caractérise l'état de la nature, il doit être évident par rapport à l'aquarelle
  • apporter par une transition (le kigo du haïku) l'articulation vers le cycle
  • le kireji du haïku est la désignation du cycle, le plus souvent indirectement, mais le cycle doit se comprendre immédiatement.

Promis un de ces jours, je vais classer et commenter ces références, mais pour moi ce qui compte ici, c'est ce que j'en ai retenu par ailleurs, je n'envisage pas de devenir un haïkiste

  • Textes présentés par Vincent Brochard et Pascal Senk
  • Belfond, 2009, 251p
  • Présentation, choix et traduction par Corinne Atlan, Zéno Bianu
  • nrf, Gallimard, 2007, 220p
  • Présentation, choix et traduction par Corinne Atlan, Zéno Bianu
  • nrf, Gallimard, 2002, 240pphoto
  • Edition bilingue, traduction Bernard Agostini
  • La table ronde, 2003, 425p
  • Haïkus : André Duhaime
  • Illustrat5ions : Janet La France
  • Édition des plaines, 2015
  • bibliotheque/regards/ref-haiku.txt
  • Dernière modification : 2023/07/30 14:10
  • de dp